Photo: Fabrice Gaëtan
Après Tentatives (2009) et La Concordance des temps (2013), Evelyne de la Chenelière et Jérémie Niel entament leur troisième collaboration avec la pièce Noir, présentée du 22 janvier au 9 février au Théâtre de Quat’Sous. Une création faisant place à la noirceur du silence.
Quelque part au Québec, 1926. Au fond d’une forêt, trois êtres humains sont perdus, captifs : ils sont manifestement encombrés par un cadavre. Le spectateur, témoin important de l’histoire qui se trame devant ses yeux, assistera à cette intrigue mystérieuse, déroutante. Véritable expérience sensorielle, à l’intersection improbable du burlesque et de la mélancolie, Noir fouille et profane les mécanismes du polar.
Pour en arriver à une écriture bien singulière, le collectif d’acteurs-auteurs, supervisé par Evelyne de la Chenelière, s’est lancé dans une exploration les faisant naviguer entre l’euphorie et le vertige. Résultat : le spectateur sera amené à vivre l’histoire à travers la voix d’un témoin plus que dérangeant. La tension sera à son comble, appuyée par la conception sonore menée de mains de maître par Sylvain Bellemare (Oscar 2018 du meilleur montage sonore — Arrival de Denis Villeneuve).
Jérémie Niel y développe une esthétique propre à sa compagnie Pétrus : un jeu hyperréaliste, la présence de la nuit, des sons lointains. « J’ai toujours rêvé d’un théâtre sas de décompression, telle une sortie au cinéma dans des sièges confortables », explique-t-il. Noir est donc une immersion à pieds joints dans l’art et ses facettes les plus obscures.