Photo: David Ospina
Trois chambres d’un hôtel anonyme sur une grande place. À Kiev, à moins que ne soit Le Caire ou Sarajevo. Chacune de ces chambres est occupée par un homme venu en ces lieux pour une raison différente : il y a celui qui est là pour se venger, celui qui est là pour trouver son fils et celui qui est là pour témoigner. Protégés par le double vitrage de leurs fenêtres, ils observent les troubles de l’extérieur, alors que des combats font rage au pied de leur hôtel. Jusqu’à ce que l’arrivée d’une femme leur rappelle, malgré eux, qu’on ne peut pas fuir l’Histoire en marche.
Les manchots questionne notre rapport aux points chauds du globe, aux événements qui font basculer les mondes, à notre volonté de placer une distance entre la violence de leur réalité et le soi-disant pacifisme de notre environnement. Que faire lorsque la Révolution a lieu à nos pieds, dans le hall de votre hôtel ? De quelle manière pouvons-nous réagir lorsque, figés, nous ne pouvons même plus bouger nos bras ? Et comment étreindre le pays – ou l’être aimé – lorsque nous sommes devenus, pour ainsi dire, des manchots ?