Il y a si peu de temps, l’inconcevable. Un homme de 35 ans a été tué. Tué à coups de bâton par une bande de jeunes propulsés hors de leur conscience. Un soir, quelques semaines après la mort de son fils, Anita reçoit la visite de Davey, jeune homme errant au corps tremblant. Commence alors un dialogue chargé entre les deux. Parce que le jeune homme prétend être celui qui a fait la découverte du corps. Deux personnages écorchés qui s’entrechoquent, qui se heurtent l’un à l’autre comme pour tenter d’extraire la douleur trop grande de leur âme. Anita et Davey doivent affronter la tristesse d’un départ brutal et la violence d’une haine incompréhensible. 

Cette haine emprunte les sentiers abrupts de l’homophobie. L’intolérance de l’homme mène ici à une perte de contrôle dévastatrice. Metteur en scène de grande finesse, Robert Bellefeuille dirigera ce duel acéré avec la compassion de celui qui souhaite y apporter une lumière apaisante. 

L’écriture corsée et percutante de l’auteur britannique Philip Ridley conserve ici toute sa fougue grâce à une traduction rigoureuse et juste de Maryse Warda. Avec ce texte habilement construit, nous avons droit à un récit entremêlé de peurs, de souvenirs, de traumatismes et de réalisme tranchant. Vincent River est une œuvre intense et fascinante sur la haine, la souffrance et le deuil.