Photo: Samuel Pasquier
Repris après un immense succès en 2023, ce portrait théâtral d’André Brassard à la fin de sa vie est incarné par une Violette Chauveau métamorphosée et troublante de vérité. Réduit à la solitude et prisonnier de son corps qui ne lui obéit plus, AB revisite des enregistrements réalisés au cours de sa vie.
AB est un vieil homme handicapé qui vit seul dans un appartement encombré de souvenirs et de déchets. L’échange et le partage ont été au cœur de la vie de ce metteur en scène reconnu et célébré. À la manière de Krapp, protagoniste de La dernière bande de Samuel Beckett, AB enquête sur lui-même. Il réécoute des enregistrements qu’il a réalisés au cours de sa vie, comme une sorte de journal intime sonore, cherchant à saisir ce qui fut peut-être le tournant de son existence avant de procéder à celui de l’ultime cassette. Quel est ce feu sacré qu’AB veut laisser en héritage ?
Ayant côtoyé de près André Brassard depuis ses années de formation à l’École nationale de théâtre, Olivier Choinière a pu glaner au fil de ses rencontres un nombre impressionnant de confidences, d’entretiens, d’échanges avec celui qui fut l’un des bâtisseurs du théâtre québécois contemporain. Avec La dernière cassette, il trace un portrait très personnel du metteur en scène à la fin de sa vie et parle de vieillesse, de mémoire, d’embrasement, de théâtre et de transmission. Il était par ailleurs tout à fait naturel que ce spectacle ait été créé (puis repris !) dans le théâtre qui a accueilli pas moins de seize mises en scène de Brassard. Et il était tout aussi naturel – et dans une logique d’anti-casting propre à la démarche de Choinière – d’en confier l’interprétation à l’une des muses du maître, Violette Chauveau, qui l’a accompagné jusqu’à ses derniers moments.
*Ce spectacle comporte des effets stropboscopiques.