Une poignée de personnes sont assemblées autour du bar, d’autres encore sont déjà assises en salle, discutent, attendent que les lumières s’éteignent et que le spectacle commence. Plus haut, dans la salle de répétition, une équipe de création s’affaire à installer les premiers éléments de leur décor ou découvre la dernière version du texte de l’autrice. Dans la coulisse à cour, des interprètes se réchauffent, se concentrent, se donnent les dernières accolades, piaffant ensemble avant de s’élancer sur scène. La régie est prête. La ruche est pleine. Discussion avec la gérance de salle, les derniers retardataires se pressent, la représentation va pouvoir débuter et quelque chose va naître. Quelque chose qui sort de l’ordinaire et du quotidien. Quelque chose qui n’est pas tout à fait la vie, mais qui nous fait tous et toutes, sur la scène ou dans la salle, nous sentir résolument vivant·es.
Car toute la criante actualité du théâtre ne se joue pas que dans les thèmes abordés ou les questions soulevées par une œuvre. Son actualité se joue d’abord là.
Dans cet intervalle de suspension de nos vies frénétiques.
Dans cette occasion de retrouvailles et d’être-ensemble que constitue l’art vivant à travers toute son éphémérité.
Dans cet instant tout entièrement tissé d’inattendu et d’imprévisible qu’est la représentation théâtrale.
Voilà tout notre engagement pour la saison prochaine : aménager au mieux toutes les conditions possibles et imaginables pour que ces moments puissent advenir. Ces moments où l’extraordinaire surgit et où nous pouvons alors (enfin!?) sortir de nous-mêmes l’espace d’une soirée. Nous nous y efforcerons de tout notre cœur avec tous les artistes et toutes les équipes de la saison. C’est une promesse !
Le 4’SOUS débutera sa saison 24 – 25 avec une joyeuse abondance d’interprètes sur scène (Stéfanelle Auger, Luc Bourgeois, Félix Collard, Thomas Derasp-Verge, Chantal Dupuis, Renaud Lacelle-Bourdon, Didier Lucien, Mireille Métellus, Tiffany Montambault et Ève Pressault) pour porter les textes savoureux de Trop humains d’Étienne Lepage dans une mise scène de Catherine Vidal. Flirtant avec le stand-up, les contes mythologiques et la prise de parole politique maladroite, ces textes nous donnent à voir nos paradoxes pas toujours glorieux mais terriblement humains.
Suivra ensuite une reprise attendue et incontournable de La dernière cassette d’Olivier Choinière avec une Violette Chauveau incandescente, au sommet de son art. Un hommage sensible et ludique au metteur en scène André Brassard, ayant magistralement marqué le théâtre québécois.
Désormais, le 4’SOUS ouvrira plus grandes ses fenêtres sur le monde en présentant des textes contemporains de tous les horizons en faisant la part belle aux fictions et aux nouvelles façons de les raconter.
La saison 24 – 25 voyagera en Angleterre avec Tout ça d’Alistair McDowall. On y verra la vie d’une femme ordinaire condensée en moins d’une heure. Ce texte s’éloigne des canons dramaturgiques britanniques et offre une partition à la hauteur du grand talent d’Évelyne Rompré. Fanny Britt à la traduction et Louis-Karl Tremblay à la mise en scène, ce sera un rendez-vous incontournable en janvier.
Nous irons également en Islande avec Helgi de Tyrfingur Tyrfingsson. Le jeune auteur s’est rapidement imposé dans le théâtre islandais avec ses pièces irrévérencieuses et critiques de son pays, connu pour sa démocratie-modèle. Dans une traduction de Maxime Allen, la distribution soigneusement assemblée par Marie-Ève Milot à la mise en scène, donne déjà envie : Gabriel Lemire dans le rôle-titre, Fabien Cloutier, Lou Thompson, Alexandre Bergeron et Kariane Héroux-Danis. Cette dernière (avec Hélène Rioux, Daniel D’Amours et Étienne Marquis) fait partie de la jeune compagnie Théâtre à l’eau froide que nous sommes ravi·es d’accueillir en résidence au 4’SOUS pour trois ans.
Nous traverserons également des zones de turbulences joyeuses et festives avec des spectacles où le théâtre rencontrera d’autres disciplines. Pour cette première édition, il y aura de la lutte avec Agamemnon in the ring, grand succès de la compagnie Unuknu, où la guerre de Troie est transposée dans un ring et où on se tacle en alexandrins québécois. La danse et la prise de parole engagée seront du spectacle Cabaret Noir, autre succès de la compagnie de Mélanie Demers, MAYDAY, où le collectif se réapproprie des scènes emblématiques (d’Othello aux films de Spike Lee). Enfin, place au hip hop dans Je comprends. Respect. du jeune créateur Etienne Lou où lui et ses complices artistiques prendront d’assaut la scène du 4’SOUS pour nous reconstituer des situations vécues au sein du milieu du street dance.
Nous souhaitons vivement vous accueillir la saison prochaine et vous faire vivre toutes ces expériences qui s’annoncent très prometteuses. N’hésitez pas à arriver plus tôt, nous allons faire du hall et du bar un espace accueillant et chaleureux !
Vous êtes ici chez vous.
Catherine Vidal et Xavier Inchauspé
Photo: Frédérique Ménard-Aubin