Saison 2022-2023

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Mot de saison

La fiction n'est pas morte

Directeur artistique

Olivier Kemeid

22 03 29 30 QUATSOUS 22 OLIVIER

« Fiction ? Vous auriez dû appeler votre saison : Friction ! » m’a lancé quelqu’un l’autre jour. Eh bien non, justement : on dirait que récemment, la fiction est devenue plus sujette à frictions que la friction elle-même… Les dernières années ont apporté un tel déferlement de réel sur nos scènes – parfois avec grand bonheur, là n’est pas la question – qu’un certain retour de l’imaginaire contribuerait à rééquilibrer la balance, vous ne trouvez pas ? 

La fiction, c’est l’invention. C’est l’imagination au pouvoir, celle qu’André Breton adorait par-dessus tout, parce qu’elle ne pardonne pas. Ce même Breton qui écrivait : « Ce n’est pas la crainte de la folie qui nous forcera à laisser en berne le drapeau de l’imagination ». On pourrait volontiers paraphraser la citation en affirmant qu’aujourd’hui, ce n’est pas la crainte de déplaire ou de déranger qui nous forcera à mettre en berne le drapeau de l’imagination. Et donc de la fiction.

Cette fiction, elle s’est toujours nourrie du réel, et elle ne finira pas de s’en abreuver. Les spectacles que nous vous présentons cette saison sont à la fois le fruit de fictions tissées par des écritures poétiques – oserais-je le terme ? littéraires – et par la tentation biographique, le rappel de personnes ayant existé, les faits historiques. C’est la force de la fiction : elle avale tout car elle est capable de tout.

Ainsi croisera-t-on au cours de la saison les figures de Mohamed Ali, des pères d’Édouard Louis et de Monique Spaziani, de Darwin, et même le fantôme de Mary Shelley… mais aussi une foule de personnages inventés, créés de toutes pièces, issus des songes ou des cauchemars d’artistes terrassés par le doute, ce grand allié de l’imaginaire. On sera surtout pris dans les rets d’une écriture à la fois maîtrisée et libre qui dévoile des univers singuliers, ceux des écrivaines et écrivains Dieudonné Niangouna, Édouard Louis, Georg Trakl, Gabrielle Chapdelaine, Jean-Philippe Baril-Guérard et Sarah Berthiaume ainsi que de votre tout dévoué. Nous sommes là pour vous rappeler que non, les fictions ne sont pas mortes et que, par conséquent, les utopies sont encore pensables et possibles. Toutes les fleurs de la liberté, avant de se déployer dans la réalité afin d’en changer à jamais les contours, ont pris racine dans le terreau le plus fertile qui soit : celui de l’imaginaire.

Olivier Kemeid
Directeur artistique
Théâtre de Quat’Sous

Photo: Kelly Jacob

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