3 décembre 2020

Le Quat’Sous a 65 ans !

Historique

4sousc Frederique Menard Aubin

Photo: Frédérique Ménard-Aubin

Le Quat’Sous a 65 ans !
Il a aussi 55 ans. Et il pourrait prétendre n’être âgé que de 11 ans.
Trois vies, pour un théâtre unique.

Son jeune âge, il le doit au bâtiment actuel. Les trois anciens appartements convertis en synagogue, qui fut transformée en théâtre, ont été démolis en 2008. Le nouveau Quat’Sous a été érigé en 2009 : c’est encore un enfant.

Son âge d’or, il le doit à sa création comme compagnie itinérante en 1955, dans le prolongement du fameux Théâtre de la Roulotte. Paul Buissonneau animait depuis trois ans la troupe ambulante, qui offrait des pièces dans les parcs de Montréal l’été. Une fois la caravane remisée, Buissonneau continuait de tenir des ateliers d’art dramatique dans un local municipal. Claude Robillard, en charge de la culture à la Ville de Montréal, lui propose alors de monter une pièce pour la prochaine édition du Festival national d’art dramatique. Buissonneau embarque ses « jeunes » dans l’aventure : Luc Durand, Jean-Louis Millette, Claude Jasmin… La troupe du Quat’Sous est née, dont le nom fait à la fois référence à la pièce de Brecht, L’Opéra de quat’sous, mais aussi au peu de moyens financiers dont elle disposait. Elle sera itinérante pendant une décennie ; aujourd’hui, nous célébrons les 65 ans de cette troupe.

Quelques années plus tard, Paul Buissonneau et Louise Latraverse dégotent une synagogue à vendre, sur des Pins coin Coloniale. « Je suis entré dans les lieux – la porte s’ouvrait facilement – et j’ai découvert cet édifice avec le jubé en haut… enfin… j’ai découvert notre théâtre et j’ai dit : ça y est, il est là, il existe, il sera à nous ! » raconte Paul. Jean-Louis Millette, Claude Léveillée et Yvon Deschamps vident leurs poches, venant en aide à leurs amis. Une fois la synagogue achetée, il reste… à la rénover. Sans le soutien du mécène Sam Abramovitch, qui aide le Quat’Sous à obtenir un prêt bancaire, il n’est pas certain que le théâtre de l’avenue des Pins aurait vu le jour.

C’est le 3 décembre 1965 que le lieu ouvre ses portes au public, en présentant La Florentine, de l’auteur français Jean Canolle. Dans le programme de soirée, on peut lire que « l’établissement d’un théâtre permanent n’aurait pu être possible sans l’aide et l’appui de plusieurs institutions, corps de métiers et individus. Merci aux comédiens qui ont participé à nos spectacles, à tous ceux qui par amour du théâtre se dévouent sans relâche. Merci aux décorateurs, machinistes, électriciens, costumiers, couturières, dessinateurs, architectes, sans oublier le public qui depuis plusieurs années nous permet de continuer notre travail par son assiduité à nos représentations. » On ne saurait mieux dire aujourd’hui : nos pensées vont aux mêmes corps de métier, aux mêmes artistes et artisans, au public.

Célébrer un anniversaire en pleine pandémie, ce n’est pas ce qui est le plus agréable, certes. Mais nous sommes toujours là. Le Théâtre de Quat’Sous est le troisième théâtre le plus ancien à être toujours actif à Montréal, avec le Théâtre du Rideau Vert et le Théâtre du Nouveau Monde. On le sait, ce n’est pas rien survivre à 65 années au Québec en tant qu’institution culturelle. Les défis sont nombreux, les moments difficiles ne manquent pas.

Nul doute que les temps actuels représentent une des périodes les plus ardues de notre cher « plus petit des grands théâtres ». Mais parce que le Quat’Sous en a vu d’autres, parce qu’il n’est pas seul, parce qu’il sait qu’il peut compter sur vous, il survivra.

Et le jour où il pourra rouvrir ses portes, il ne vous accueillera pas dans la nostalgie, mais dans la joie : celle d’une renaissance, qui n’empêche ni la continuité ni la fidélité, 65 ans après sa fondation.

Olivier Kemeid et l’équipe du Théâtre de Quat’Sous

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